Villers-Perwin / Toponymie (9)                       
Valmy Gossiaux

La Toponymie de nos chemins

    La toponymie – du grec topos=lieu et onuma=nom – est l'étude linguistique ou historique de l'origine des noms de lieux.
   
    Pour cette étude, nous suivrons l'ordre dans lequel nos chemins et sentiers sont inscrits dans notre ancien atlas des chemins, lequel date de 1841.

    En tête, nous ferons figurer la route Bruxelles – Charleroi, ou Nationale 5, qui n'est pas reprise dans l'atlas ; mais vu sa grande importance, doit trouver sa place ici.

    La dénomination est aussi celle de l'atlas des chemins.

La route Bruxelles-Charleroi, ou Nationale 5

    Cette route traverse le Sud-Ouest de notre localité sur une longueur de 1250 mètres, entre les points kilométriques 38 750 et 40 000 ?

    La chaussée a 6 mètres de largeur ; le revêtement est en pavés de grès et de parphyre. Elle est flanquée d'un côté d'un accotement pavé de 1 mètre de largeur, et de l'autre côté, d'une piste cyclable de 1 mètre 50 en gravier goudronné. La largeur entre les alignements est de 16 à 18 mètres. La route était anciennement bordée d'ormes qui ont été abattus après avoir atteint leur maturité ou ayant été touchés par la maladie des ormes.

    Actuellement – 1970 – la plantation qui borde la route est constituée par de jeunes platanes.

    Depuis 1951, la route est recouverte d'un épais dallage en béton. Elle a 12 mètres de largeur, la piste cyclable en a 3 et l'autre accotement 3 mètres également. Des fossés la bordent des 2 côtés.

    Depuis 1873, il existe un plan d'alignement pour les constructions a élever le long de la route. Ce travail a été revu par suite d'élaboration d'un projet de son élargissement en vue de l'établissement d'une autoroute. Il y est question d'en porter la largeur à 25 mètres. Le Moniteur Belge des 16 et 17 novembre 1950 a publié un arrêté royal daté du 4 octobre 1950 approuvant le nouveau plan d'alignement.

Construction de la route

    La grand route fut construite en plusieurs épisodes et ne se réalisa que bien péniblement. Il fallait, en effet, traverser les Etats du Hainaut, le comté de Namur, la Principauté de Liège et le duché de Brabant. Et les autorisations nécessaires ne s'accordaient pas facilement.

    Voici le résumé de ce que nous avons trouvé à ce sujet :

    1674 – Le document n°2647 du Fonds de l'Université de Louvain, aux A.G.R., daté du 26 octobre 1674, nous apprend entr'autres choses qu'une terre située sur la « Justice de Frasnes », « jouidant de vent – ouest – au chemin de Bruxelles, etc. ». Donc à cette date – 1674 – la chaussée existait déjà à la sortie de Frasnes.

    1698 – Le tronçon Bruxelles-Waterloo a été construit cette année. Ce fut la première route pavée du Brabant.

    1713 – Le 5 avril, la ville de Charleroi obtint l'autorisation de construire une chaussée « jusqu'à une portée de canon hors la porte de Bruxelles ».

    1719 – Le 8 août, cette partie était presqu'entièrement achevée. Charleroi voulait le pousser plus avant pour avoir la jonction avec le tronçon partant de Bruxelles, et obtenir du gouvernement l'autorisation d'utiliser le chemin royal de Charleroi à Bruxelles, d'exproprier certaines proprétés que l'on traversait à Jumet ou ailleurs, jusqu'à la rencontre de celle partant de Bruxelles, et d'établir 2 barrières à La Brûlotte.

    En 1718 déjà, Gosselies avait obtenu un octroi l'autorisant à pousser la construction de la chaussée vers Jumet. Charleroi devait donc achever les travaux jusqu'à la rencontre de ce qui était construit depuis Gosselies. L'autorisation fut donc accordée le 8 août 1719. Sur la terre de Jumet et au-delà, elle fut construite pour les Gens de loi, bourgmestre et notables de la ville et Franchise de Gosselies.
   
    En 1720, la section Gosselies – Pont-à-Migneloux fut construite.

    Mais malgré nos recherches, il ne nous a pas été possible de trouver la date exacte de construction du tronçon Pont-à-Migneloux – Waterloo. Seule le procès verbal de mesurage ci-après, nous fournit quelques données à ce sujet :
    « Je soussigné mesureur-juré et admis par le Roi, tout en son Conseil Privé que celui de Brabant, et résidant à Gosselies, certifie et déclare par cette, à tous ceux qui appartiendra d'avoir à la réquisition de Nicolas Halloin, censier de Grand-champ, mesuré le terrain pris présentement dans les terres de la dite-cense appartenant à l'abbaye d'Afflighem, pour la construction de la nouvelle chaussée allant de Megneloux vers Frasnes, consistant dans les parties suivantes : ***** en commençant à la grande chaussée de Brunehaut, de là vers Frasnes sous Villers Perwez emblavée cette présente année de marsage contenant un bonnier moins dix-huit verges, item sous Frasnes allant cette année à gissière contenant un bonnier et vingt huit verges, item sous Frasnes, emblavés cette présente année de marsage contenant un bonnier moins trente deux verges.
    Ainsi fait et mesuré à la verge de 17 pieds 1/2 de Louvain pour les parties sous Frasnes et à la verge de dix sept pieds 1/2 de Bruxelles pour la partie sous Villers-Perwin à raison de 400 verges pour un bonnier, le 10 décembre 1718 en vérification de quoi j'ai signé cette
            (signé) Pierre Hans
            Mesureur-juré »

Le petit croquis ci-dessous accompagne ce procès verbal :



    1726 – le 13 juillet, un décret du roi Charles VI – 1685-1740 – réglementa le poids des chariots circulant sur la route Charleroi-Bruxelles. C'est donc qu'à cette date elle était complètement construite.

    1713 – Après le travail ci-dessus terminé, nous avons trouvé aux A.G.R. Section cartes et plans, le plan 272 dressé en 1713 par Laurent Cobut, arpenteur des bois domaniaux au comté de Namur, plan donnant le tracé de la route entre Gosselies et Frasnes.
    1964 – Nous avons vu plus haut qu'en 1951, la route fut recouverte d'un épais dallage, lequel ne résista pas aux transports de plus en plus lourds qui y passaient.

    Aussi, en 1964, de Mellet à Frasnes, sur 4 kilomètres, de nouvelles améliorations y furent apportées. L'ancienne couche de béton de 1951 fut entièrement démolie. Elle avait 20 centimètres d'épaisseur en béton monolithe. Le nouveau revêtement a 38 centimètres d'épaisseur en béton avec armature constituée par des barres de 12 millimètres de diamètre, dans la proportion de 11 kilos par mètre carré.

    Il était coulé une longueur de béton de 300 mètres chaque jour.

    Depuis lors, il y a 3 bandes de roulement de 3 mètres 50 – ancienne route 3 mètres – 1 bande de stationnement de 2 mètres 25 à 3 mètres de chaque côté.

    La première bande fut terminée le 17 juillet 1964.

Sources de documentation

    Van Batselaer – Notes manuscrites pour la commission de l'orthographe des noms des communes et des hameaux – Bibliothèque du cercle archéologique de Charleroi – page 120.

    Van Bastelaer (Dr A.) - Collection des actes de franchise, privilèges, d'octroi, d'ordonnances, etc, concernant la ville de Charleroi. Tome III, pages 201, 213 et 214.

    De Soignies Jules – Histoire des voies de communication par terre et par mer principalement au point de vue du Hainaut, pages 27, 120 et 121.

    Dom Hursmer Berlière – Recherches historiques sur la ville de Gosselies. 2ème volume – pages 49 et 50.
    
    Annales des Travaux publics – Tome 36 – 2ème série – 1935 – page 180 – Article : Histoire des routes belges, par Paul Christophe.