Villers-Perwin pendant les guerres (13)
Valmy Gossiaux

Les guerres de Louis XIV (1667-1713)

La guerre de dévolution (1667-1668)


C’est le nom donné à la guerre entreprise à la mort de Philippe IV – 1621-1665 – d’Espagne, par Louis XIV – 1638-1643-1715 – qui réclamait les Pays-Bas au nom de sa femme Marie-Thérèse d’Autriche – 1638-1683 –

Les armées de Louis XIV envahirent notre pays, Charleroi est pris le 2 juin 1667 – L’argent manquait aux français. Le marquis de Louvois – 1641-1691- secrétaire d’Etat à la guerre, devait s’en procurer à tout prix. « Malheur aux vaincus, disait-il, malheur d’abord aux moines qui sont les plus riches ».  Et dans son langage irrespectueux, il ajoutait : « ce sont des gens inutiles et , pour la plupart, fort affectionnés à nos ennemis, il faut tirer d’eux le plus de choses que vous pourrez, pour, par ce moyen , les faire servir au Roy, malgré qu’ils en ayent ».

On mit les abbayes largement à contribution, puis ce fut le tour des laïcs. L’abbaye de Villers-la-Ville servit de refuge aux habitants de 6 lieues à la ronde.

Ploegarts et Boulmont, page 411, nous disent qu’en
« mai et juin 1667, les armées françaises ont esté longtemps a l’entour de Charleroy ;
« les villageois de 6 lieues à la ronde ont estez refugiez aux alentours de l’abbaye
« de sorte qu’il n’y a plus de fourrages, ni aus dites censes, ni à l’abbaye…..  Les grains
« de l’abbaye et des censes ont été fouillées et gastez par le passage des ennemis. »

Cités d’après les archives de l’archevêché de Malines et aux A.G.R. : conseil privé, n° 35 bis – comptes de 1671, conseil d’état, carton 860.

Tous les villages environnants Charleroi durent contribuer aux impôts de la guerre. Pour encourager le gouverneur de Charleroi, Louvois l’autorisa au nom de Louis XIV, à s’approprier le douzième des contributions. Celles-ci s’accrurent, mais sans grand avantage, à cause de leur exagération. Les populations ne résistèrent pas ouvertement, mais elles désertèrent en masse leurs villages. Les cultivateurs furent écrasés d’impôts pendant les années 1666-1667, où les propriétaires durent payer, par moitié, avec leurs fermiers, les contributions dues aux français.

Le 29 octobre 1668, tous les curés de Fleurus et environs intentèrent une action : « pour avoir abolition des aydes et subsides desquels ils ont estés chargés jusques à présent ».

(d’après Ploegaerts et Boulmont, page 411).


GUERRE DE HOLLANDE = 1672 – 1678.


Louis XIV, orgueilleux et fort de la puissance de la France, entreprit une suite de guerres dans le but d’encore augmenter sa puissance. Ce fut d’abord contre l’Espagne et ses possessions, puis contre la Hollande qu’il porta ses coups.

La Hollande, jalouse du commerce de la France, faisait aux produits français une guerre de douane. De plus, elle favorisait le protestantisme, alors que Louis XIV représentait le catholicisme.

Cette guerre fut donc à la fois, une guerre de vengeance et d’ambition et une croisade catholique contre un petit peuple commerçant qui devint pour la France un adversaire implacable.

La première guerre contre la Hollande en 1672, fut un succès éclatant pour la France, mais Guillaume III, prince d’Orange – 1650-1702 -, fit ouvrir les digues et inonda son pays, isolant les garnisons françaises et les obligeant à évacuer le pays.

Les rapides conquêtes de Louis XIV alarmèrent l’Europe et Guillaume d’Orange n’eut pas de mal à provoquer une nouvelle ligue contre la France ligue qui fut conclue ne 1673 à La Haye entre le Stathouder, le Roi d’Espagne, le duc de Lorraine, l’Empereur d’Autriche, le roi de Danemark et l’Electeur de Brandebourg. Le plan de Guillaume d’Orange était d’envahir la France par la vallée de la Sambre, tandis que les alliés occuperaient une partie des forces françaises en Alsace et sur les Pyrénées. Condé occupait une forte position en face de Charleroi. Pour éviter le combat avec le meilleur capitaine française, Guillaume voulut gagner la Flandre, mais Condé l’atteignit à Seneffe et lui livra une bataille sanglante que resta indécise, le 11 août 1674. Le Prince de Condé avait établi son quartier général à la ferme de Grand Champ, sous Frasnes-lez-Gosselies, à l’ouest de Villers-Perwin.

De victoire en victoire, les français réussirent à battre définitivement les Hollandais à Cassel et à les rejeter dans leur pays.

Voyons au point de vue de notre localité ce qui nous amena cette suite de combats.

Beaurain nous dit qu’un camp baraqué fut établi par les armées françaises, le long de la chaussée Romaine, depuis la ferme de la couronne jusqu’à la hauteur de Viesville. C’était là une partie des troupes massées par le prince de Condé – 1621-1686 – pour arrêter les hollandais. L’armée française, qui était commandée par le maréchal de Bellefont – 1630-94-, y campa les 16 et 17 mai 1674 et quitta le camp de Brunehault – ainsi qu’on l’appelait – le 18, pour se diriger vers Gembloux. La troisième colonne composée de l’infanterie avec 2 escadrons à la tête et 4 à la queue, passa à Villers-Perwin, sur la chaussée Romaine et se dirigea sur le château de Tilly, Gentinnes, etc. Cette armée fit sa jonction avec celle du prince de Condé à Eysden-sur-Meuse,le 23 mai 1674, puis revint pour ainsi dire sur ses pas, mais par une autre route.

Carte plus grande


La deuxième colonne, composée de gendarmerie et de quelques brigades de cavalerie et d’infanterie, passa à Ernage, Saitn-Géry et Villers-Perwin et campa de nouveau au camp de Brunehault, le 29 mai 1674. Le 8 juin, l’armée se remit en marche vers Mons.

Cette masse de soldats campée juste à côté de notre village, y passant et repassant, nous valut, plus que probablement, bien des ennuis et des ruines. Des archives de cette période manquent totalement pour parler avec certitude de toutes ces misères. Nous trouvons seulement dans le registre d’état-civil de 1667, au dos de la page 56, une note qui nous apprend que l’évêque de Namur, Monseigneur Ignace de Grobendonck, consacra le 16 septembre 1671, l’autel de la Vierge, « car le sceau et le reliquaire des Saintes reliques fut brisé et les reliques enlevées par les « français en 1671, en levant le camp de Viesville – Thiméon – neufbois jusqu’à la Croix- « Piette ».

Remarquons l’erreur de date de la consécration : ce n’est pas en 1671 qu’elle eut lieu, puisque les faits reprochés datent de juin 1674.

A la suite de tous ces évènements et de la bataille de Seneffe livrée le 11 août 1674, les négociations entre les français et les alliés trainèrent beaucoup : la paix ne fut signée à Nimègue que le 17 septembre 1678.

Entre temps, toute notre région eut à entretenir continuellement des troupes. Ce ne fut que passages et logements pendant 4 années. En 1676, il y avait un camp à Thiméon, un à Ligny et un à Fleurus.

Nous n’avons trouvé que ces 7 ordres de réquisitions nous concernant :

- le 26 août 1675 on eut 4 hommes à loger, Mellet et Villers durent fournir 1 chariot
- le 10 décembre 1676 fourniture de 1 chariot et de 2 hommes
- le 23 avril 1678 on dut loger 4 hommes
- le 14 juin 1678 fourniture de 2 vaches
- le 10 juillet 1678 fourniture de 4 vaches.

Dans l’assiette de taille de 1679, seule retrouvée, nous notons les réquisitions suivantes :
- 1 chariot pendant 9 jours, payé 8 fl. 11 sols par jour
- 1 chariot pendant 9 jours, pas d’indication de location
- 1 chariot et 1 cheval pendant 19 jours
- 1 chariot , 1 cheval et 1 valet pendant 7 jours
- 1 chariot et 1 cheval pendant 19 jours
- 1 cheval et 1 valet pendant 19 jours
- 1 chariot pendant 5 jours
- Environ 20 pains, 1 jambon, du fromage et du beurre
- Donner à boire à une compagnie française et à 1 compagnie espagnole

Le montant de ces réquisitions s’élevait à 400 florins 6 sols ? répartis, naturellement, sur une population déjà fortement éprouvée et peu nombreuse.  

(Aux A.G.R., dossier 739-7v119 de l’office fiscal du Brabant, nous trouvons un document des Etats du Brabant exemptant  Villers-Perwin de toute contribution, suite aux nombreuses réquisitions opérées. Ce document est daté du 6 juillet 1681).


SOURCES DE DOCUMENTATION.

Beaurain –Histoire de la campagne de Monsieur le Prince de Condé en Flandre en 1674, pages 20-21-32.

Raepsact  – Œuvres complètes, page 210.
Theys – Histoire de Fleurus, pages 312 à 318.
               D’après A.E.M. Serry – notaire – 08.11.1670 et Balastre, notaire, farde 1666-1676
Histoire de France F.T.D. pages 380 à 386.
Archives communales.
A.G.R. – greffes scabinaus – arrondissement de Nivelles, carton 5120.
(Voir dans les ordres de réquisitions ceux de 1679 (pour 1678)).