Villers-Perwin pendant les guerres (33)    
Valmy Gossiaux

LIVRAISONS EN NATURE FAITES AUX ARMEES FRANCAISES

Le 14 novembre 1792  -    3756 de paille
Le 15      «             «     -    150  bottes de paille
Le 16      «             «     -    2000  livres de foin
Le 16      «              «     -   70 rasières d’avoine
Le 18       «            «      -   15 boisseaux d’avoine, mesure de Paris
-                                          11  rations d’avoine
Le 19       «             «      -   229 boisseaux d’avoine, mesure de Paris
                                          1800 livres de foin
Le 2 décembre 1792          97 boisseaux d’avoine, mesure de Paris à livrer au camp de Malonne
(voir ordre de réquisition 1790 – 1795)

Entre le 13 septembre 1793 et le 29 mai 1794, Villers-Perwin, dut fournir 65 chariots pour corvées.
A partir du 1er décembre 1789 et jusqu’à une date non indiquée, mais qui se situe plus que probablement fin 1794, les hommes de Villers-Perwin exécutèrent 1168 journées de corvées pour les diverses armées ayant séjournés ici.
Toutes les réquisitions ne sont pas indiquées sur les Etats. Quelquefois, ce ne sont que des listes, soit nominatives, soit simplement avec les quantités indiquées sans que l’on ait tenu compte du nom des personnes qui ont été astreintes à livrer ; c’est ainsi que nous trouvons qu’en 1794, il a été livré aux armées françaises :
354 setiers d’avoine – 1 setier = 156 litres
4360 livres de paille
74.447 livres de foin.

Pour 1794 encore, on voit sur une autre liste que, jusqu’au 23 octobre 1794, il a encore été livré aux armées françaises :
28 vaches,                                                                                                                                             
27 bestes à laine,
275 livres d’avoine,
27.174 livres de foin,
3.200 livres de paille,
155 journées d’ouvriers à 4 francs par jour, et le travail exécuté par 55 hommes.
Le tout est évalué à 13.925 francs 36 centimes.

Une troisième liste, sans date, nous renseigne sur les réquisitions suivantes :
1.458 francs de travaux,
150 bottes de paille à 10 centimes la botte,
165 stiers d’avoine à 2 francs 60 le stier,
18.246 livres de foin à 2 francs 50 les 100 livres      
11 vaches à 34 francs la vache.
         
 Enfin, une quatrième liste – non datée aussi – nous apprend que l’on a réquisitionné :
48.424 livres de foin,
3.380 livres de paille,
6.072 stiers d’avoine .

Tous ces états, toutes ces listes de réquisitions, laissent rêveurs…….





Peut-on concevoir actuellement – 1970 – comment un village aussi petit que le nôtre,  comptant alors environ 120 maisons et moins de 550 habitants, ait pu satisfaire au logement des troupes et aux réquisitions dont nous venons de donner le détail. Et il est plus que possible que nous n’avons pas retrouvé toutes les archives.
De plus, il faut bien noter qu’en ce temps-là, le rendement des récoltes était loin d’atteindre les chiffres que nous connaissons actuellement.
Comment nos ancêtres ont-ils pu s’y prendre pour satisfaire à toutes ces réquisitions, pour livrer toutes ces denrées, pour « recevoir » et nourrir officiers, soldats et chevaux ? Tous venaient chez eux en conquérants, donc en ennemis et on sait de quoi est capable la soldatesque.
Aucun document ne nous l’apprend, personne n’a écrit, en ces temps-là, les tourments endurés. Mais soyons plus que certain qu’une profonde misère morale et physique a régné durant toutes ces années de deuil et de souffrances, et encore longtemps par la suite.

Les représentants français Briez et Hausmann, qui gérèrent notre pays après sa conquête, écrivaient au Comité du Salut public, le 13 octobre 1794 : « Nous levons les contributions en numéraires, nous prenons tous les fourrages et les graines nécessaires à la nourriture et à l’approvisionnement des armées, nous employons tous les chevaux du pays pour les transports, nous prenons toutes les étoffes, draps, toiles et autres marchandises pour l’habillement et pour l’équipement. Nous épuisons le pays de toutes manières. »

En ce qui concerne Villers, on a vu que rien n’était plus véridique que cette lettre.

En plus que les logements et les réquisitions, les Français imposèrent les nobles, les ecclésiastiques et les riches propriétaires. Pour le Brabant Wallon nous trouvons une liste de la contribution « volontaire », dite « contribution militaire », de 3 millions de livres.
-    arrêtés des représentants Hausmann et Briez du 23 vendémiaire an III – Le 17  nivose suivant, les représentants du peuple près des armées du Nord et de Sambre-et-Meuse, déclarèrent aux riches habitants et propriétaires, qu’ils étaient personnellement et solidairement responsables du payement de la contribution en numéraire.
« En conséquence, ils feront sous l’autorité des magistrats, toutes les avances qui pourraient devenir nécessaires. La contribution devra être entièrement soldée au 20 du mois prochain – 20 pluvioses – 8 février 1795 -, faute de payement, elle augmentera de 25.000 livres par jour de retard et il sera pris 4 otages chaque jour à partir du 21 du mois prochain ».
Suivaient les signatures de Hausmann, Roberjot, Gillez, Deleghe, Roger Ducos, Joubert et Briez.
L’état de la répartition provisoire de la contribution militaire dressé à la suite de cet arrêté, nous apprend que le curé de Villers-Perwin fut taxé à 600 livres qu’il a payées. Le maire, de Renette, fut taxé à 2000 livres, mais aucune annotation ne nous renseigne sur le payement de cette taxe.
En 1795 et 1796, diverses lois se succédèrent pour régler la vente des biens nationaux (1) d’où, protestations réitérées du clergé contre les acquéreurs.
En 1796, on renseigne que Villers ne possède aucun bien religieux d’abbayes. Que sont donc devenues les propriétés que les abbayes de Villers-la-Ville et d’Afflighem possédaient ici avant la Révolution ?  Jusqu’à ce jour, aucun document n’est venu nous l’apprendre.

(1)    Biens du clergé et de la noblesse que le gouvernement français avait saisi.
(voir photocopie du 1er Floréal au VIII)