Villers-Perwin pendant les guerres (42)    
Valmy Gossiaux

AVANT, PENDANT ET APRES WATERLOO

Pendant que les délégués des puissances alliées s’amusaient au congrès de Vienne, Napoléon quitta l’ile d’Elbe et rentra triomphalement à Paris, le 20 mars 1815, sans qu’une goutte de sang ait été versée. Suivant une proclamation lancée du golf Juan, dès qu’il touche le sol de France : « L’aigle vola de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame ».
Mais à ce retour plein d’enthousiasme, succédèrent de bien tristes jours, jusqu’à son abdication le 22 juin 1815.
En effet, toutes les puissances de l’Europe se liguèrent contre lui. Et les 2 seules batailles livrées pendant les Cent Jours, eurent lieu sur notre territoire. La victoire de Ligny – la dernière victoire de Napoléon – et la terrible défaite de Waterloo.
Nous ne décrirons pas ces deux mémorables combats. Des récits très détaillés se trouvent dans les nombreux ouvrages écrits par des plumes très autorisées.
Nous consacrerons notre étude à renseigner ce qui se passa chez nous « avant, pendant et après » ces 2 batailles.
On sait que la Belgique était occupée en 1815, par les troupes anglaises et hollando-belges. Après bien des pourparlers, les chefs de ces détachements placèrent leurs troupes suivant un plan élaboré par Wellington le 5 avril 1815. L’exécution de ce plan eut lieur les 9, 10 et 11 avril. Le Prince Frédéric des Pays-Bas disloqua son corps d’armée entre Genappe, Nivelles, Braine-le-Comte, Mons et Binche. La 2ème division néerlandaise, dite de Perponcher, se trouva cantonnée dans notre région. La 2ème Brigade du 2ème Bataillon de Nassau, commandée par le major Van Norman, était cantonnée à Villers-Perwin et à Frasnes-lez-Gosselies, l’état-major se trouvant à Frasnes.
-    T’Serclaes – Tome I – pages 259 et suivantes –
Par la suite, cet ordre fut sans doute modifié puisque nous trouvons qu’à la date du 24 avril, le 1er bataillon de Nassau-Usingen – Infanterie légère – sous le major Sattler, était cantonnée à Marbais, Sart-Dames-Avelines et Villers-Perwin, l’état major se trouvant à Marbais.
Ce bataillon se composait de 36 officiers, 893 hommes et 7 chevaux – T’Serclaes – Tome III – pages 82-83.
Mais le 15 juin , nous retrouvons le premier état de choses – Relation historique de la 2ème division aux batailles des Quatre-Bras et de Waterloo, dans T’Serclaes – Tome III – pages 288 –289 –
Dans nos archives communales, nous voyons que du 10 avril au 15 juin, beaucoup de troupes logèrent ici. Les habitants les appelaient « les nassaux » et les détestaient cordialement.
Un document nous apprend qu’on logea ici 417 hommes sans rations et 457 hommes avec rations, soit 874 hommes.
Les habitants touchaient 2 francs pour les premiers et 5 francs 70 pour les seconds.

Mes arrières grands-parents racontèrent maintes fois que, dans notre jardin, les nassaux cuisaient des cochons entiers, volés Dieu sait où « ce n’était qu’un feu dans tout le jardin » disaient-ils.



Parti de Paris le 12 juin, Napoléon entra en Belgique le 14. Le 15, il était à Charleroi et divisa son armée en 2 ailes. L’aile gauche, commandée par Ney, eut pour mission de s’emparer des Quatre-Bras. Ney ne conduisit pas cette attaque avec son impétuosité habituelle : les Hollandais eurent le temps de se retrancher à Frasnes et en divers endroits entre Frasnes et les Quatre-Bras, Gemioncourt entr’autres.

Voici ce que disent les documents alliés en ce qui concerne Villers-Perwin :
Deux compagnies du 27e Bataillon de chasseurs néerlandais furent détachés en tirailleurs en face des bois de Villers-Perwin pour observer les mouvements des Français. Des cavaliers français étant arrivés en renfort, forcèrent le piquet et le majour Van Norman resta au nord de Frasnes avec les gros du Bataillon et l’artillerie.
-    D’après T’Serclaes – Tome III – page 311 –
Un piquet du 2e Bataillon de Nassau posté au Sud de Frasnes, défendit l’entrée du village aux lanciers rouges de Colbert. Les Batteries de Byleveld, placées à cheval sur la grand’route en face de Piraumont, empêchèrent les lanciers d’avancer et ils vinrent occuper Villers-Perwin et les bois environnants.
-    D’après T’Serclaes – Tome I  - page 402 –
Et voici ce que nous disent les documents français :
Le 16 juin 1815, à 9 heures du matin, Napoléon donna l’ordre suivant à Ney, qui figure dans la correspondance, Tome XXVIII, page 335, lettre n° 22.058 et que nous reproduisons :
« Au maréchal Ney, Prince de la Moskowa, le corps du comte de Valmy – Kellerman –qui a 3000 cuirassiers d’élite à l’intersection du chemin des Romains et de celui de Bruxelles, afin que je puisse l’attirer à moi si j’en avais besoin. Aussitôt que mon parti sera pris, vous lui enverrez l’ordre de venir nous rejoindre.    Charleroi, le 16 juin 1815. »

Dans la Revue des Etudes Napoléoniennes de 1932 – volume VI – Emile Brouwet, sous le titre  « Mémoires et documents inédits », nous apprend ce qui suit :

La 2e division du 1er corps d’armée, commandée par le Général Donzelot et venant de Charleroi, bivouaqua le 15 juin en avant de Jumet ; le 16,  elle suivit les 1er et 6e corps jusqu’à la hauteur de Villers-Perwin où elle prit à droite pour se porter sur un plateau situé au nord du village. Là, elle reçut l’ordre de rétrograder et de se porter sur la grand’route de Bruxelles pour appuyer le 2e corps qui était aux prises avec l’ennemi aux environs des Quatre-Bras. L’artillerie de la division prit seule part à l’action. Le lendemain, la division se dirigea par Genappe à Waterloo où elle prit une part importante à la bataille du 18 juin.

Nous venons de voir, en ce qui concerne Villers-Perwin, les manœuvres de certains éléments de l’aile gauche de l’armée française. Suivons maintenant l’aile droite commandée par Napoléon en personne. De Charleroi, il poussa son armée vers Gilly et Fleurus. Les Prussies qu’il avait devant lui, reculèrent et finirent par prendre position en avant de Sombreffe. Le 16 juin, Napoléon les attaqua et leur infligea de lourdes pertes. Ce fut la bataille de Ligny, livrée partie sous Ligny, partie sous Saint-Amand, la dernière des nombreuses victoires de l’Empereur………….