Villers-Perwin pendant les guerres (47)     
Valmy Gossiaux

REVOLUTION BELGE DE 1830

Les évènements de septembre 1830, qui amenèrent l’indépendance de notre pays après la fuite des hollandais, sont assez connus sans qu’il soit nécessaire de les retracer ici.
Le départ des volontaires de Charleroi et environs suscita un vif mouvement d’enthousiasme. Des dons affluèrent pour eux de tous côtés. Pour sa part, notre village donna 6 sacs de froment, 1 de seigle, 2 jambons, 15 poules et 1 sac de pommes de terre. Une collecte faite parmi la population rapporta 19 florins 04.
Ceci résulte d’une correspondance adressée par l’administration communale au gouverneur du Hainaut – Archives provinciales du Hainaut –
Mais aucun volontaire ne se présenta pour marcher sur Bruxelles – Lettre de l’administration communale au même gouverneur, datée du 6 juin 1831, aux mêmes archives –
Comme l’histoire l’a déjà démontré bien des fois, notre libération fut suivie de désordres intérieurs, dus à des causes bien différentes : vengeance contre ceux que l’on accusait de collaboration avec les hollandais, ou avec les autorités qui leur étaient favorables, vengeance contre les fermiers, les marchands, les fabricants, qui avaient, déjà alors, profité  d’une situation spéciale pour se créer rapidement une fortune.
D’un autre côté, les récoltes avaient manqué, le froment se vendait de 40 à 50 francs les 100 kilos. L’hiver 1828 – 1829 fut très pénible déjà : de fortes gelées anéantirent les récoltes. La meuse et la sambre furent pris par les glaces.
Dans bien des endroits, des troubles éclatèrent ce fut le cas pour Courcelles, le mardi 19 octobre 1830, à cause du prix excessif du grain.
En voici la relation qui nous a été donnée par le regretté Monsieur Lemaitre qui a fait, lui aussi, beaucoup de recherches sur sa localité.

Des habitants des communes de Jumet et de Roux sont arrivés à Courcelles le mardi 19 octobre 1830, vers midi, au nombre de plusieurs centaines parmi lesquels il y avait des hommes armés de fusils, de massues, etc. La plupart portaient un sac. La bande s’arrêta en premier lieu chez Fontaine, maître des postes où elle croyait trouver du grain, puis elle est allée piller chez Monsieur Grégoire, marchand de grains.
Dans cet intervalle, la foule grossissait à vue d’œil, en peu de temps, le nombre dépassait 1.000 individus en y comprenant les hommes de Courcelles, plusieurs armées de fusils. Ils allèrent chez Monsieur Mouton, meunier, où ils ont prix une charretée de seigle à raison de 2 francs la mesure et le froment à 4 francs ; plusieurs partirent sans payer. Ils continuèrent leur incursion chez Monsieur Monmoyer, bourgmestre, et enlevèrent le peu de grain qu’il y avait.
Une autre bande démolit le pignon de la ferme de Monsieur Taminiaux, à Miaucourt pour pénétrer dans le grenier où ils enlevèrent environ 60 mesures sans payer, également 140 mesures de seigle qu’ils payèrent à 2 francs et à 1 franc 50.
Chez Grégoire, ils enlevèrent 600 mesures, tant en froment qu’en seigle, le froment à 4 francs la mesure et le seigle à 2 francs. Chez Madame Bronchain, ils prirent 150 mesures de vieux froment au prix de 35 sous brabant seulement. Puis, ce fut au grand et au petit Hamal, qu’ils se firent livrer les grains. Ils se dirigèrent ensuite sur Pont-à-Celles, en commettant des dégâts à la ferme Gaillot, à la chaussée, et encore en bien d’autres endroits. Il y eut de véritables bagarres entre Courcellois et étrangers : plus de 30 coups de fusils furent tirés.





Les bandes s’étant dirigées sur différents points, nous avons du diviser nos forces. Mais le secours de Monsieur le Marquis de Trazegnies, qui s’était porté à la tête de 300 personnes de la commune en se dirigeant sur Souvret et ensuite revenu sur Courcelles, nous a été des plus favorables. A notre demande, il a bien voulu faire une alliance par laquelle, au premier coup de besoin, les deux communes se rallieraient pour se porter là où le danger se présenterait. Le jeudi, des bandes de pillards se rassemblaient à Roux, le tocsin sonna, on dépêcha des express à Souvret et à Trazegnies, tandis que nous nous portions vers Roux. Monsieur le Marquis arriva à la tête de plus de 400 personnes, puis arrivèrent Souvret et Piéton et Forchies-la-Marche. Nous n’oublions pas de dire que le colonel Sauvage s’est porté à la tête des forces de Gouy-lez-Piéton et Pont-à-Celles. Les communes de Frasnes, Liberchies, Rèves, Buzet, Obaix et Villers-Perwin arrivèrent aussitôt après dans le même but.

Le procès-verbal, daté du 27 octobre 1830, est signé de P.A.Monmoeyr, bourgmestre et de Fontaine et F.J. Mouton, assesseurs.
Malheureusement, on ne nous apprend pas quelles interventions ont agi pour que les gens de localités éloignées comme la nôtre – 12 kilomètres – ayant été au secours des Courcellois. On ne nous dit pas non plus de quelle manière ils intervinrent dans cette affaire complètement étrangère pour eux.

En août 1831, l’administration communale fut remerciée par la Pharmacie centrale de l’armée à Bruxelles, pour l’envoi de 11 kilos de linge et de 6 charpie envoyés à Bruxelles.

Mais les hollandais, voulant venger leur défaite de 1830, rentrèrent en Belgique et occupèrent la forteresse d’Anvers en 1832.

Les troupes françaises, commandées par le maréchal Gérard, le héros de Ligny, vinrent à notre secours, délogèrent les hollandais et les chassèrent chez eux. Elles restèrent dans notre pays de novembre 1832 à mars 1833.

Quelques chariots et des vivres furent réquisitionnés pendant ces mois.

SOURCES DE DOCUMENTATION.

Victor Ernest – la Révolution belge de 1830 en carolorégie, page 105.
Victor Ernest – les volontaires de Carolorégien en 1830  page 14.