Villers-Perwin / Toponymie (3)                      
Valmy Gossiaux

Origine des nom : Villers et Perwin - Etymologie

Villers

Le mot Villers dérive de « villae », qui signifie ferme, établissement. Les Romains en implantaient tout au long de leurs routes. Ils pouvaient ainsi ravitailler plus facilement leurs troupes et les commerçants, les voyageurs, en retiraient profits.    Pour plus de facilité, les personnes chargées de l'entretien et de la surveillance des voies romaines, s'établirent aux alentours de ces « villae ». De là, à devenir un hameau, un centre d'habitations et plus tard acquérir une certaine importance, il n'y a qu'un pas qui fut, plus ou moins rapidement franchi. Le vocable village vient, lui aussi, de Villae.   
Certains toponymistes allemands font remonter à l'époque romaine tous les noms en « villare » et supposent que, lorsqu'un nom de personne en constitue le premier élément, ce nom a été ajouté à l'époque germanique. (D'après A. Vincent – Le nom de lieux de la Belgique, page 140)   
Le nom « Villari » (villa + surfixe aris (écart)) dépendance de la villa, est répandu dans la toponomastique de toute la Gaule sous des formes diverses. On le rencontre aussi dans des régions linguistiquement germaniques depuis les invasions, mais ayant fait partie antérieurement de l'Empire Romain. (Nord de la France, Alsace, Suisse, Allemagne) Cela semble indiquer qu'il était courant à l'époque romaine. « Villare » a survécu un certain temps dans la Gaule restée romaine.   
Kluge F, dans Deutsche Spraschgesch, page 146, dit que villare n'est pas attesté avant le VI ème siècle et pense que ce mot a été seulement répandu au VII ème siècle chez les populations germaniques de la Lorraine, du Rhin moyen, etc. 
D'après Arille Carlier et Emile Dony, dans Toponymie de Monceau sur Sambre, ville est une dénomination invariablement donné à nos anciens villages jusqu'à une époque toute moderne. De là viendraient alors les appellations rencontrées ici : Pont de la Ville et Entre le Bois et la Ville, appellations qui font croire à beaucoup de nos braves habitants que notre petit village actuel a été autrefois une ville ou tout au moins une localité beaucoup plus importante qu'à l'heure présente.   
Bernaerts G. Dans Etudes étymologiques et linguistiques sur les noms de lieux romans et bas-allemands de la Belgique, page 49, dit que Villers vient de la forme romane « villaris », adjectif de villa, ferme, exploitation agricole. Les petits villages s'appelaient « Villulae », un hameau « Villare ». En ancien haut-allemand, on retrouve « Willaris », vieux, villa, et en haut-allemand, « Weiler », hameau.   
Raepsaet J.J., dans son analyse historique et critique de l'origine et des progrès des droits civils des Belges, fait remarquer que les villages dont le nom se termine en ville, en court, en hem, en hof ou en have, formaient les parties intégrantes des villae, devenues nos villages. Ils n'avaient communément pas d'autre nom distinctif que celui du propriétaire de la « villae », ou de la situation, nom qu'ils portent encore. 

Perwin

    On a voulu retrouver dans ce mot le nom du propriétaire d'une villa; d'autres ont dit qu'une très puissante famille du nom de Perweys avait donné des seigneurs à notre localité, et, comme preuve, ils ajoutaient que les armoiries de notre village, en ces temps-là, reproduisaient celles de cette famille. Cela est renseigné entr'autre dans un manuscrit signé M.L.D., reposant aux archives de notre cure. Il y est dit textuellement :    « D'après Jean Blondeau, Villers-Perwin, ou de Perwez, a la distinction d'un grand nombre d'autres qui portent le nom de Villers, vient des Perweys, est depuis entré en celle des Walhain qui ont prétendu la hauteur. »   
Il ne nous a pas été possible de trouver ailleurs confirmation de ce fait, ni de découvrir des notes sur cette famille de Perweys, ni non plus de découvrir ses armoiries.    Wauteurs, dans son Histoire des communes du Brabant, canton de Perwez, page 1, dément catégoriquement cette assertion. Nous croyons qu'on ne peut que lui donner raison.   
D'après Bernaerts, ouvrage cité plus haut, pages 41 et 87, le P, dans l'ancien langage, remplace quelque fois le B. Ici Ber veut dire ours. Il se peut très bien que, très anciennement, les ours aient été très nombreux dans les forets qui recouvraient entièrement notre pays, et qu'on en ait vus ici.   
Autre version : le mot ber, au début de la féodalité, signifiait baron, ou, si l'on veut, hauts conseillers du Souverain.    


Win peut provenir de wez, correspondant au roman de la finale bas-allemande, à voort, forth, chemin ou gué. Par une règle commune, le W germain a été transformé en G par les latins.   
Voici quelques exemples tirés du wallon : Waitî = regarderWaire = guère, peuWauffe = gauffreWazon = gazonWans = gantsWadjure = gageureWarder = garderWillame = GuillaumeWespes = guêpesLinne = lingue, langue   
Le mot wez, dans notre patois, se dit d'un étang banal. Une flaque d'eau sur une place, le long d'un chemin, dans une prairie, est un wez.    
D'où nous pouvons conclure : Ber, wez = étang où venaient se désalthérer des ours ; ou bien encore : étand du Baron ...   
Monsieur Adolphe Harcq, dans « Etymologie des communes du Hainaut », donne cette version : Villers vient de Vil-ere = pays du vil, ou village ; Perwin vient de Père-wyn = vin, vigne du père. L
e mot flamand wyn signifie vin ou vigne. Cet auteur fait dériver les noms de presque toutes les communes du Hainaut de la langue flamande. Il dit que le flamand fut seul parlé dans toute la Belgique et le nord de la France jusqu'au V ème siècle, à l'arrivée des Francs.   
Dans les documents et Rapports du cercle archéologique de Charleroi, 5ème volume, 1872, pages 239 à 246, C. Van der Elst écrit un article intitulé : Aperçu d'ethnologie et de linguistique de l'Arrondissement de Charleroi. On y trouve quelques localités à étymologie flamande, mais aucune ne correspond aux déductions de Harcq.     Ce qui est aussi certain, c'est que nous n'avons pas trouvé trace de la culture de la vigne chez nous. A Heppignies, Monsieur Hubinon a retrouvé cette trace : il y existe encore un endroit dénommé « Trou à la Vigne ».    
E. Farstemann, dans « Altdeutsches Namenbusch », 1er volume, page 228, dit que le mot Perwin, vient d'un nom de personne : Beuvin, sans autre explication.   
Carnoy, dans son dictionnaire étymologique des noms de communes de Belgique, 2ème volume, page 593, veut aussi que le mot Perwin vient d'un nom de personne, car, primitivement, il y avait un article devant le génitif. C'est ce que nous trouvons, vérifié dans la liste des Villers, où nous trouvons : Villers-la-Ville, Villers-le-Gambon, Villers-la-Bonne-Eau.   
On trouve aussi que, anciennement, notre localité s'orthographiait : Villers-le-Perwin, Villers-le-Pewyn, Villers-le-Perwez, etc.   
Nous arrivons maintenant à une explication étymologique que nous croyons plus sérieuse.    
Dans le dictionnaire de Freund, il est écrit que l'on trouve le mot « Pervium » dans Tite-Live (Livius Patavinus) qui écrit : « Saltus cava vale pervius » = l'endroit le plus difficile à passer.
Tacite, à son tour, écrit : « Inde maxime pervius annis » = le chemin le plus facile à traverser.  On veut que Perwin viendrait de « Per Viam », sorte d'adjectif signifiant : près de la voie. Nous aurions donc ici : villa près de la voie : il est, bien entendu, qu'il s'agit de la voie romaine.   
D'après Chotin, dans Etudes étymologiques et archéologiques sur les noms des villes et des villages du Hainaut, 1ère édition, pages 114 et 187, Perwin découle de per vium signifiant traversé par un grand chemin. Il s'agit toujours évidemment de la chaussée romaine.   
Comme on le voit, une extrême prudence s'impose en matière d'étymologie, car cette science n'en est encore qu'à ses débuts et on peut commettre de grandes erreurs. Aussi, les jugements qui se basent sur elle sont-ils toujours sujets à caution. Il n'est pas impossible que d'autres chercheurs trouvent encore une ou plusieurs origines différentes à ajouter aux nôtres.   
L'étymologie, en établissant l'âge approximatif des localités, fait connaître si celles-ci remontent à l'époque romaine ou gauloise.   
On peut déduire de ce que nous avons lu plus haut que notre village a une origine très ancienne, beaucoup plus ancienne que celle retrouvée dans les documents concernant la seigneurie (le plus ancien Seigneur connu date de 1099).
Pour ma part, je crois qu'il n'est nullement téméraire de faire remonter cette origine aux Romains. La présence de l'important établissement romain aux Bons Villers ne peut que nous y faire croire.   
De même que la découverte d'une petite amphore romaine, malheureusement incomplète, en 1952, dans le talus, en face du 14 de la Rue  du Sauwez, ainsi qu'une anse de vase romain au même endroit.