Villers-Perwin pendant les guerres (6)
Valmy Gossiaux

LA GUERRE DE 30 ANS  -  1618 – 1648.

Cette guerre est la lutte du catholicisme contre les sectes réformées qui voulaient étendre leur puissance au détriment des catholiques. Elle est à la fois politique et religieuse, et devient européenne à partir de l’intervention française.

L’Empereur Ferdinand II d’Autriche – 1578-1619-1637 – triomphait des princes protestants révoltés, grâce à l’invasion des Espagnols dans le Palatinat, sous la conduite d’Amboise de Spinola (1569-1630) et au merveilleux commandement de ses armées par le comte Jean de Tilly – 1559-1632 – et Robert de Longueval, comte de Bucquoy, de Farciennes. La guerre se continua par trois aventuriers : Ernest de Mansfeld – 1580 -    1626 -, Georges, Margrave de Bade et Christian de Brunswick, évêque réformé d’Halberstadt (1594-1626), dont les troupes mercenaires portèrent partout la dévastation et le pillage.

Vaincus par Tilly à Spire, ils offrirent leurs services à l’Empereur qui, pour toute réponse, les mit au ban de l’Empire. Ces derniers défenseurs du protestantisme conduisirent leur armée d’aventuriers du Palatinat au secours des Huguenots de France. Acculés vers Sedan, par les troupes françaises et lorraines, surveillés par le général espagnol Gonzalès de Cordova, - 1443-1515 – qui occupait le Luxembourg, ils étaient menacés d’être cernés. 4000 paysans réunis dans l’Entre-Sambre-et-Meuse détruisirent les routes menant vers la France et 6 à 7000 paysans du Brabant furent amenés à Pont-de-Loup pour empêcher le passage de la Sambre.

On croyait tenir Ernest de Mansfeld, et son armée démoralisée. Mais les cavaliers mirent les fantassins en croupe et traversèrent la Meuse à Mézières, le mardi 22 août 1622. Le 24, Mansfeld était à Thuin-le-Moustier et à l’Échelle, près de Maubert-Fontaine (arrondissement de Rocroy) ; le 25, il dina à Remignies (arrondissement de Vervins – Aisne) et le soir il campa près de Hirson. Le 26, il était dans les environs de Solesmes (arrondissement de Cambrai). Le 27, il suivait la chaussée Romaine et couchait à Bonne Espérance. Le 28, il passait à Binche et le soir même, vers 6 heures, il arrivait près de Wagnelée.

Il s’agissait de gagner les Provinces Unies, où les Etats de Hollande leur avait offert un refuge.
Gonzalès de Cordova, à la première nouvelle de cette marche détournée, avait levé précipitamment son camp et laissant ses bagages à Givet, passa la Sambre le 27 au gué de Pont-de-Loup. Il vint prendre position au nord de Fleurus, dans la direction de Chassart, le dos appuyé à Fleurus et faisant face à la chaussée Romaine. Le 28, à 5 heures et demie du soir, il fut rejoint par son infanterie qu’il fit ranger en bataille, malgré une pluie torrentielle. Les deux armées passèrent la nuit en face l’une de l’autre. Les chefs luthériens avaient 7000     chevaux, 8000 hommes d’infanterie et 3 pièces d’artillerie. Gonzalès n’avait que 2200 chevaux, mais disposait d’une forte infanterie et de 5 pièces d’artillerie.

Le lundi 29 août 1622 (1), la bataille, très meurtrière, s’engagea. Elle durait depuis 5 heures avec le plus vif acharnement, lorsque vers 11 heures, Mansfeld et Halberstadt -     qui eut un bras emporté, ce qui l’obligea à en porter un en argent – serrés de près, réunirent leurs forces et se jetèrent désespérés sur l’extrême droite des Espagnols, y firent une trouée et s’enfouirent vers le pays de Liège, laissant derrière eux 3000 hommes ou tués, ou blessés ou prisonniers et 18 étendards.

Ce jour-là, Cordova fit poursuivre jusque Gembloux seulement l’ennemi en retraite, ses troupes étant trop épuisées par les longues marches des jours précédents et par la terrible bataille qu’elles venaient de livrer.
Mais le lendemain, l’infanterie de Mansfeld fut rejointe et taillée en pièces. Il perdit, pour ces 2 jours, 11.000 hommes, son artillerie, ses bagages, sa caisse et un grand nombre de drapeaux et d’étendards. Mansfeld alla se réfugier à Bréda avec le reste de ses troupes. Les Espagnols perdirent 800 hommes et 200 chevaux.

Nos soldats wallons infligèrent aux Protestants des pertes terribles. Vinchant nous dit que jamais on ne vit infanterie « si mieulx battre, ny mieulx faire ». Le colonel Gaucher, qui les commandait, en témoigne dans une lettre écrite à l’audiencier Verreycken.

(1) Ce guide fidèle du Brabant wallon et le manuscrit M L D aux archives de la cure, donnent tous deux, par erreur, la date du 6 août comme étant celle de cette bataille.