Villers-Perwin pendant les guerres (14)
Valmy Gossiaux

GUERRE DE LA LIGUE D’AUGSBOURG – 1688-1697.

L’orgueil de Louis XIV suscita la Ligue d’Augsbourg, qui devint l’origine d’une grande coalition contre la France. Notre pays fut le véritable terrain de cette lutte. Le Prince de Waldeck (1620-1692), commandant les alliés, remporta à Walcourt , le 27 août 1689, une brillante victoire contre les Français commandés par le maréchal de Humières – 1628-1694 -. Les armées du roi et des alliés, tour à tour, campèrent dans tous nos environs qui eurent encore à souffrir énormément des passages continuels des soldats et du séjour d’une troupe d’environ 6000 hommes qui pilla tous nos villages.

Les archives que possèdent certaines communes de nos environs, nous montrent l’énormité des dégats occasionnés par la soldatesque qui passa plus d’une année dans notre région.

Voici ce qu’écrit Ch. Piot, dans son article intitulé » Les guerres en  Belgique pendant le dernier quart du XVIIè siècle « – article paru dans B.C.R.H. – 4è série – Tome VIII –1880 - : nous donnons les passages qui concernent le Brabant wallon qui sont eux-mêmes extraits de la chronique de l’abbé de Forest :

Vers le 6 mai 1689, les français s’en allèrent camper à Thiméon : 24 000 hommes sous le commandement du maréchal d’Humières. Ils se mirent tout de suite à exécuter tout le Brabant wallon et à imposer au pays des rations à l’effet de constituer à Philippeville et à Maubeuge des magasins d’avoine, de foin, de paille et de bestiaux pour l’entretien de leur armée. Ce voyant, les Wallons, considérant qu’ils étaient hors d’état de satisfaire à ces réquisitions, et qu’ils étaient accablés par une armée aussi nombreuse, abandonnèrent tous leurs villages et s’enfuirent d’abord vers la forêt de Soignes : après 4 ou 5 jours, nous avons vu affluer une si grande quantité de bestiaux que, en vingt-quatre heures, toutes les communes de Forest, Stable, Ruysbroeck et Droogenbosch en débordaient, et de même toutes les prairies de Tubize et de Hal jusqu’aux portes de Bruxelles. Et les fuyards nous ont abattu près de 2000 jeunes ormes, hêtres et érables. A l’intérieur du domaine de l’abbaye, nous dûmes faire garder les prairies par une force armée de soldats et recourir souvent à de beaux discours. A la moindre alerte, les fuyards réunissaient 400 fusils. Ils trainaient avec eux plus de 1400 bestiaux. Et après que, en un séjour d’un mois, ils eurent tout mangé et provoqué souvent des alarmes et des rixes avec ceux d’Uccle, de Linkebeeck et de Rhode-Sainte-Genèse et des villages environnants, qui tous se réunissaient pour tomber sur les Wallons, au point qu’il restait même quelques morts et beaucoup de blessés, ils ont décampé finalement à travers Bruxelles, se rendant, partie à Vilvorde et à Malines, partie sur la Dendre jusqu’au delà d’Alost, errant ainsi jusqu’à l’époque de la moisson. Alors les français firent payer les contributions en argent, cessèrent leurs exécutions et permirent aux gens de rentrer chez eux, afin de pouvoir ensuite les piller avec plus de profit ou de les obliger à payer les taxes demandées.

L’abbé de Forest constate que les armés amies ruinent autant le pays que les armées ennemies, dans ces guerres de la ligue d’augsbourg. Celle-ci fut une des plus pénibles que dut supporter notre pays.

Lonchay Henri, dans l’article : La Rivalité de l’Espagne et de la France avec les Pays-Bas – 1635-1700, paru dans les mémoires couronnés et autres mémoires de l’Académie Royale de Belgique, Tome LIV – 1896, pages 314 et 35 , nous dit :

« En 1691, les Etats de Brabant se plaignirent que les armées tant amies qu’ennemis, sont entièrement consommé, détruit et enlevé grains, fruits, fourrages, etc.
Le 26 septembre 1691, les mêmes Etats se plaignirent encore de ce que la campagne déserte se décharge dans les villes et jusque dans les pays étrangers, de la plus grande partie de ses habitants qui ont perdu leurs bestiaux, abandonné leurs labours et leurs maisons, pour chercher ailleurs la subsistance que les nombreuses armées, tant amies qu’ennemies, qui y ont campé ces deux dernières années, au nombre de plus de deux cent mille hommes, ont entièrement consommé. »

Carte plus grande (camp de Falise)

Carte plus grande (camp de Feluy)

Carte plus grande (camp de Falise)