Pendant
que se livrait cette bataille et par suite d’une mauvaise
interprétation d’ordres reçus, ou mal exécutés, il y en eut tant,
malheureusement, pendant cette courte campagne de quelques jours, une
forte colonne commandée par le comte d’Erlon, se détacha de l’armée
commandée par Ney, opérant entre Frasnes et les Quatre-Bras. Passant au nord de Villers – route de Frasnes, Tilleul, Warchais, Nouveau-Monde, Baty de Marbais -, elle fut vue vers 5 heures 30 par Napoléon aux prises avec les Prussiens. Cette colonne alla jusqu’en vue de Wagnelée, passé le chemin de fer, actuel - au bout du Baty de Marbais. Après peu de temps, elle fit demi-tour en laissant la 1ère division d’infanterie et la cavalerie de Jacquimot, dans l’expectative. Le reste du corps de d’Erlon repassa pour Villers, par les mêmes chemins, en sens inverse de son arrivée. Il rejoignit Ney, trop tard pour lui être utile. Cette marche, cette contre-marche sont encore très discutées actuellement, faute d’avoir découvert le ou les ordres donnés au chef de ce corps. Tous les ouvrages traitant de Ligny et de Waterloo ont épilogué longuement sur ces faits. Un de mes amis, François T’Sas, a publié en 1968 : Les mouvements des 1ers corps de Drouet d’erlon au cours des batailles de Ligny et des Quatre-Bras, le 16 juin 1815. Quoique disposant de nombreux documents, il n’a pu expliquer ce qui s’était passé. Le rapport du maréchal Ney se plaint de ce que l’absence de ces troupes ne lui ait pas donné la victoire. Il écrit qu’à 9 heures du soir, l’Empereur le lui renvoya sans qu’il lui ait été d’aucune utilité. Mais l’ordre n’a jamais été retrouvé. Le sera-t’il jamais ? On peut écrire franchement qu’en partie, peut-être assez grande, le sort de cette campagne de 3 jours se joua chez nous. Il est de toute évidence que le passage continuel de troupes, en l’occurrence ici, des troupes françaises ne se fit pas sans amener sur notre village bien des ennuis. A la suite du combat de Frasnes ou de la bataille de Ligny, un hôpital fut installé à la cure de Villers-Perwin. Cela valut à notre pasteur, J.J.Daloze, le pillage de tous ses effets. - De Vos – Tome II - pages 114 et 115 - D’autres blessés ont du être recueillis et soignés dans des maisons particulières car dans le registre de décès du 1815, nous trouvons une note portée avant l’inscription du décès du 22 septembre 1815 : « Les registres ayant été cachés pendant les évènements de la guerre, et par oubli, n’est point porté à la date du décès, nous le portons : » Suit l’acte de décès de Douzel Etienne, fusilier de la 1ère compagnie, 2ème bataillon, 29 ème régiment de Ligne- Infanterie, fils de Louis Donzel et de Agathe Sabatier, natif de Saint-bren, canton de Castal (Il faut lire : Saint Bres, canton de Castries) département de l’Hérault, décédé en la maison de Jean-Joseph Goffaux, sur la place, débiteur de bière (Maison située juste en face de l’église sur l’emplacement de laquelle on a construit l’immeuble portant les numéros 13 et 14. C’était, encore, plus anciennement, la Haute- cour de Villers-Perwin), le 29 juin 1815, à 7 heures du matin, âgé de 22 ans et 6 mois. Le compte de la Fabrique de l’Eglise pour 1821, nous apprend qu’en 1875, le recteur a annoncé une somme de 150 florins pour réparer les ornements qui avaient été déchirés par les troupes en 1815. Le « drap de mort de la jeunesse» valant 100 florins a aussi été volé en 1815. –d’après les archives de la Cure- | Le
compte de la Fabrique de 1817, nous dit qu’une partie des terres tenues
par Joseph Boudin ont été ravagées par les armées françaises en 1815.
Il se plaignait au recteur de ne pouvoir payer son compte « Le
dit recteur lui a remis toute la culture, à condition de partager les
dépouilles ensemble. » -d’après les archives de la Cure- Une lettre émanant de l’administration communale, datée du 2 décembre 1826, et adressée à monsieur le commissaire du district, nous apprend « qu’aucune archive ne fut soustraite ni en 1794, ni en 1814. mais plusieurs titres de fondations dues à la fabrique de l’Eglise, ont été enlevés lors des évènements de 1815, attendu qu’un grand nombre ne s’y trouve plus. » On sait que le recteur Daloze se plaignit du pillage de la cure. Nous avons déjà vu plus haut, que les registres d’état-civil furent cachés en 1815, « pendant les évènements de la guerre ». Après la bataille de Waterloo, les Prussiens, dans la nuit du 18 au 19 juin, poursuivirent les français en retraite jusqu’à l’auberge « A l’Empereur »sise sur la grand route, à Frasens, en face du chemin conduisant à Villers. Dès le 19, nous eûmes à nourrir 127 chevaux pour lesquels on toucha 1 franc 06 pour leur avoine, soit au total 134 francs 62. - A.E.M. – Régime français et hollandais – Fourniture aux armées – farde n°317 – De plus, 10 chevaux furent réquisitionnés par les Prussiens : 3 furent retrouvés à Avennes le 25 juin et 7 près de Paris – date non indiquée – A.E.M. - Etat des réquisitions et pertes subies par suite de l’occupation alliée en juin 1815 – farde n° 323 – Pour indemniser les habitants des pertes subies pendant les évènements de 1815, on leur distribua des vivres. En voici le détail : -En juillet 1815, 121 doubles décalitres de froment furent distribués à titre de secours à 77 familles. - Le 2 août 1815, on distribua à 34 familles la somme de 26 florins – 70 sols. - Le 5 octobre, le gouvernement accorda d’autres secours se répartissant comme suit : 7850 livres de froment, 3061 livres de seigle, 558 livres de pois, 92 livres de haricots, 600 livres de gruau, 800 livres de sel. Notre localité comptait alors 115 maisons. Le 21 août 1815, le maire de Gosselies nous fit savoir que nous aurions à loger le lendemain, 1 officier, 100 soldats et 63 chevaux de la 18è batterie. Il semble que ce soit le dernier ordre de ce genre que nous ayons reçu pendant ces temps troublés. Pour les denrées versées dans les magasins de Fontaine-l’Evêque et de Charleroi, jusqu’au 1er décembre 1816, Villers a touché 3446 francs 09. - Journal de la Province de Hainaut du 3 janvier 1817 – |